Les vents régionaux méditerranéens

La rosace ci-dessous représente les principaux vents rencontrés en région méditerranéenne :

  • ces vents sont positionnés en face de la direction d’où ils soufflent ;
  • ils sont décrits à la suite de cet article ; un clic sur leur nom renvoie à l’article correspondant ;
  • une rose des vents, établie sur 30 années de données, est proposée pour certains d’entre eux sur un poste représentatif.

Le mistral

Le mistral ou « Maître Vent » de la Provence souffle du nord dans le couloir du Rhône et dans les vallées avoisinantes comme celle de la Durance, puis tourne à l’ouest sur la côte varoise jusqu’à Fréjus ainsi que sur la Corse.

Le Mistral

Le mistral confère à l’air une transparence exceptionnelle, la masse d’air étant très sèche. Il s’agit d’un vent très turbulent, soufflant le plus souvent en fortes rafales.

L’hiver, il procure une sensation de froid intense mais généralement sec.

L’été, il est l’ami des incendies de forêts en raison de sa violence et de ses turbulences.

En été comme en hiver, il fait le bonheur des vélivoles qui utilisent les ondes d’oscillation de l’atmosphère qu’il déclenche au niveau des reliefs bien exposés.

Il arrive cependant que le mistral soit accompagné de précipitations ; on parle alors de mistral noir. Celui-ci peut être observé lorsqu’une perturbation associée à de l’air très froid instable dévale la vallée du Rhône.

Rose des Vents à Marignane

La rose des vents à Marignane

La rose des vents à Marignane (rose établie à partir de données sur 30 années) montre l’influence prédominante du mistral sur cette région.

La direction privilégiée est comprise entre le nord et le nord-ouest : sur l’année, dans 35 % des cas, la direction des vents est comprise entre 320 et 360 degrés.

Le mistral souffle à une vitesse moyenne de 50 km/h avec des rafales supérieures à 100 km/h ; il a atteint 140 km/h en février 2002 et en novembre 2004 en Basse-Provence. On observe souvent un renforcement du mistral en aval des reliefs.
Ce vent régional, souvent plus fort en hiver et au printemps, peut durer plusieurs jours, comme à Orange avec 16 jours consécutifs en décembre 1988 et en novembre 2004.

Dans l’axe de la vallée du Rhône, là où il est le plus fréquent, le mistral souffle en moyenne 1 jour sur 3. La règle parfois invoquée des 3-6-9 jours (le mistral et la tramontane seraient censés souffler selon ces séquences de journées), n’est absolument pas vérifiée par les statistiques. La fréquence décroît continûment lorsque la durée de l’épisode s’allonge.

La présence du mistral est liée dans la majorité des cas à celle d’un flux de secteur nord-ouest sur la région en bordure d’un anticyclone s’étendant sur le proche Atlantique : l’air froid originaire des régions polaires vient buter sur les Alpes et s’accélérer dans le défilé étroit de la Vallée du Rhône. Une dépression dynamique s’établit dans les parages du Golfe de Gênes. Les vents sont d’autant plus forts que le gradient de pression entre Golfe de Gascogne et Golfe de Gênes est important. Cette situation peut perdurer plusieurs jours même après l’évacuation de la perturbation vers l’est.

Le Mistral

La zone d’influence du mistral est liée au positionnement de la dépression dite du « Golfe de Gênes ».

Lorsque la dépression se situe au nord du Golfe de Gênes, le mistral touche également la Côte d’Azur.

Mais compte tenu de sa direction de sud-ouest, on ne parle pas de mistral dans la région niçoise.

Toutefois, le mistral dit mistral d’été n’a pas pour origine une configuration synoptique particulière. Il concerne la côte provençale et la vallée du Rhône. Le fort réchauffement en été génère une dépression thermique sur l’arrière-pays provençal (Var, Alpes-de-Haute-Provence). Ce fort réchauffement dans les terres crée un appel d’air à l’origine d’un flux de nord sur l’ouest de la Provence. Ce mistral est souvent contrarié voire annulé par les brises maritimes en zone littorale. La force du vent subit donc un cycle diurne avec une force maximale en milieu d’après-midi et minimale en deuxième partie de nuit.


La tramontane - le cers

La Tramontane

La tramontane est un vent de secteur nord à nord-ouest qui parcourt les contreforts des Pyrénées et les monts du sud du Massif Central.

Sur la région du Lauragais, en passant entre le Massif Central et les Pyrénées par le seuil de Naurouze, ce vent prenant une composante plus ouest est appelé le cers.

La tramontane présente des similitudes avec le mistral et lui est régulièrement (mais pas toujours) associée : comme ce dernier, elle est souvent assez forte et turbulente, dégage le ciel en amenant de l’air plus froid et sec et génère parfois des nuages d’ondes.

L’effet de foehn sous les reliefs est caractéristique.

Rose des Vents à Carcassonne

La rose des vents à Carcassonne

La rose des vents à Carcassonne (rose établie à partir de données sur 30 années) montre l’influence dominante du cers sur la région. La direction privilégiée est comprise entre 280 et 300 degrés quelque soit la force retenue.

Complètement opposée à la tramontane, une deuxième direction privilégiée de tendance Est apparaît : cette fois il s’agit du vent marin.

La tramontane peut souffler en toute saison :

  • fréquemment comme à Perpignan avec 115 jours par an ;
  • avec plus de vigueur en hiver et au printemps ;
  • jusqu’à 17 jours consécutifs comme en mars 1992 et 1993 ;
  • ses rafales peuvent atteindre des valeurs maximales de 140 km/h voire plus vers le Cap Béar.

La situation météorologique amenant la tramontane est comparable à celle qui engendre le mistral :

  • une zone anticyclonique sur l’Espagne et le sud-ouest de la France,
  • un flux de nord-ouest à nord (souvent à l’arrière d’un front froid) qui apporte de l’air froid vers les régions méditerranéennes, entre cet anticyclone à l’ouest et, à l’est, une dépression formée sur le Golfe de Gênes ou la mer Tyrrhénienne.

La tramontane se forme également lors du déplacement vers l’est d’une perturbation circulant sur la Méditerranée occidentale. Les régions des îles Baléares ou du Golfe du Lion se retrouvent sous l’emprise d’une dépression se creusant rapidement au sortir de la péninsule Ibérique (en général en automne et au printemps). Des dépressions peuvent également s’y succéder au sein d’un flux s’écoulant du nord-ouest au sud-est en longeant l’anticyclone des Açores (généralement en hiver).

En ancien occitan on trouve le terme cers « vent du nord-ouest » dans des textes provenant de Nîmes, de l’Ariège et de Toulouse. Il désigne un vent de nord-ouest sur une zone assez large correspondant à la province romaine appelée la Gaule Narbonnaise. Le cers est surtout connu dans le Bas-Languedoc (Hérault, Aude) mais aussi en Catalogne.


Le marin

Le Marin

Le marin est un vent de sud-est soufflant de la Méditerranée vers le Languedoc, la Montagne Noire et les Cévennes.

Il est généralement modéré et régulier, mais il peut être parfois violent et turbulent sur le relief, très humide, doux et amène le plus souvent des précipitations abondantes.

Il est plus fréquent au printemps et en automne, lorsque les dépressions s’enfoncent en Méditerranée : c’est le vent des situations perturbées et pluvieuses.

Il se charge d’humidité lors de son parcours maritime. Il va ensuite la restituer sous forme de grisaille (nuages bas, brumes, brouillards) et de pluies, sur les hauteurs qui bordent la mer : les versants sud-est de la Montagne Noire, les Corbières, les contreforts des Cévennes et les premières hauteurs provençales.

Sur la région de Narbonne (Aude), le marin est appelé le grec quand il souffle de secteur est.

Ses rafales peuvent atteindre des valeurs très élevées comme à Leucate (Aude) dans la nuit du 16 au 17/12/1997 avec 180 km/h, à Montpellier (Hérault) le 16/12/1997 avec 130 km/h.

Le marin accompagne les épisodes de fortes pluies méditerranéennes et les épisodes cévenols. Lorsqu’il ne s’accompagne pas de pluie, on l’appelle « marin blanc ».
Il peut générer de fortes houles comme à Banyuls (Pyrénées-Orientales) dans la nuit du 3 au 4 décembre 2003, avec une vague maximale mesurée de 13,78 m.

Le marin est lié à la présence d’un centre dépressionnaire sur la Méditerranée occidentale (Baléares, Golfe du Lion) ou vers la péninsule Ibérique et d’un anticyclone vers les Alpes ou l’Europe Centrale. Le relief va ensuite canaliser ce vent, en lui faisant longer les côtes varoises et le renforcer de l’embouchure du Rhône au Languedoc-Roussillon.


Le grec

Le Grec

Le grec est un vent de nord-est soufflant sur la Provence, la Côte d’Azur (« grécale » ou « grégal » ou « grégau » ou « grégou » ou « tramontana »), le Languedoc-Roussillon (« grégal » ou « gargal ») et la Corse (« grécale » ou « grégale »). Il s’agit d’un vent froid et sec en Provence. Il peut même amener des gelées printanières. Dans certains cas au contraire, au contact de la mer Méditerranée, le grec devient humide et s’accompagne de pluie (voire de neige lors de vagues de froid hivernales).

Le grec se charge en humidité au cours d’un long parcours maritime autour d’une dépression centrée au sud de la Méditerranée Occidentale : Baléares, Sardaigne, Sicile. Il est à l’origine de la formation de brouillards pouvant donner de la bruine sur la plaine du Roussillon. En Corse, il est fréquent en automne et au printemps, très lié aux tempêtes méditerranéennes et peut amener de fortes pluies et des orages sur la façade orientale de l’île.

Le grec peut atteindre de très fortes valeurs en rafales comme lors de la tempête du 5 mars 2015 avec 185 km/h à la Chiappa dans les environs de Porto Vecchio (Corse du Sud).


Le levant et le ponant

Le Levant et le Ponant

Le levant est un vent d’est soufflant sur les Alpes du Sud, la Provence, et sur le bassin méditerranéen jusqu’en Corse. Il est généralement doux, très humide, et est associé à un temps perturbé. Il souffle le plus fréquemment en fin d’automne, en hiver et au printemps. En Provence, il arrive parfois que le levant souffle par beau temps durant l’été ; on l’appelle alors « levant blanc », « repairé » ou « levantas ».

Le levant résulte souvent de la présence d’une dépression circulant du Golfe de Gascogne vers la Méditerranée occidentale et d’un anticyclone sur l’Europe de l’Est.

Le ponant ou « poniente » est le nom donné au vent d’ouest. Le ponant est donc opposé au levant. Dans le cas où une dépression se creuse sur le sud des Alpes, il souffle sur la Côte d’Azur dans le prolongement d’un mistral établi sur la Provence. Il peut être « bâtard » quand il prend une composante sud-ouest.

Le levant peut atteindre en rafales des valeurs élevées, comme en journée du 27 février 2016 avec :

  • 115 km/h à Leucate (Aude) ;
  • 104 km/h à Sète (Hérault) ;
  • 83 km/h à Embrun (Hautes-Alpes).

Le libeccio

Le Libeccio

Le libeccio est un vent violent, d’ouest à sud-ouest présent sur la Corse et la Côte d’Azur.

En été, il est généralement sec, alors qu’en hiver, il se charge d’humidité et devient porteur de pluie voire d’orages, principalement sur les versants occidentaux.

Du côté oriental, il s’accompagne souvent d’altocumulus lenticulaires stationnant au-dessus des montagnes.

Lorsqu’il est de direction ouest sur le sud de la Corse, il devient, du fait de l’orientation du relief, un vent de sud-ouest en Balagne et sur le Cap Corse.

Le libeccio est engendré par l’action d’un anticyclone sur le Golfe de Gascogne et le sud-ouest de la France, et d’une dépression vers le Golfe de Gênes.

Le libeccio peut atteindre en rafales des valeurs très élevées comme lors de la tempête du 13 janvier 2004 avec :

  • 173 km/h à la capitainerie du port de Bastia ;
  • par effet de foehn, une température maximale record voisine de 25 °C.
Rose des vents à Calvi Rose des vents au Cap Corse
Rose des vents Calvi Rose des vents au Cap Corse

Les roses des vents à Calvi et au Cap Corse présentent des différences très importantes :

  • À Calvi, le point de mesure se situe au niveau de l’aéroport dans une vallée axée nord-sud, avec des sommets qui le protègent directement des forts vents d’ouest. Ceux-ci franchissent un col proche un peu plus au sud-ouest de la station et emprunte la vallée, ce qui explique en grande partie le secteur dominant de sud à sud-ouest. De plus, en régime de brise cette fois, l’orientation de la vallée est également prépondérante et accentue en partie la fréquence des vents de sud.
    La composante ouest est donc peu présente sur la rose des vents ; la composante sud-ouest est fortement influencée par le relief.
  • Au niveau du Cap Corse, le vent vient directement de la mer et aucun relief ne vient contrarier l’écoulement de l’air, ce qui explique la prépondérance de la composante ouest à sud-ouest.

Le sirocco

Le Sirocco

Le sirocco est un vent du sud à sud-est, chaud et sec en été, que l’on observe assez rarement. Sa durée se limite à quelques heures en France.

En provenance du Sahara, il souffle sur la Corse et les régions méditerranéennes et transporte du sable saharien.

Il s’accompagne de températures caniculaires. Il est engendré par un axe dépressionnaire s’étirant du Golfe de Gascogne à l’Espagne et au Maghreb et par de plus hautes pressions vers l’Italie et les Balkans.

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