Hortense 4 octobre 1984
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : 04/10/1984 à 10 heures locales
Date de fin d’événement : 05/10/1984 à 04 heures locales
Type d’événement : dépression atlantique de type SD (classification Dreveton)
Départements touchés ou régions concernées :
La moitié sud du pays est concernée par les rafales les plus violentes : Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne, Limousin, Poitou-Charentes, Corse et Bretagne. Dans le quart nord-ouest et les côtes de Manche, les rafales ne dépassent pas les 100 km/h. Le quart nord-est est épargné. |
Résumé :
Après avoir durement éprouvé le nord-ouest de l’Espagne, la tempête Hortense touche le sud-ouest de la France le 4 octobre 1984, avec des vents de 120 à 160 km/h. Elle cause le décès de 6 personnes et le montant des dégâts s’élève à 100 millions de francs (arbres et toitures arrachés, lignes électriques coupées, bateaux de plaisance coulés).
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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en altitude : 252 km/h au Pic du Midi (2 880 m) en plaine : 166 km/h au Cap Ferret |
II. Description de la situation météorologique
Le 2 octobre 1984, tandis qu’une dépression 1005 hPa (ancien cyclone Hortense) se rapproche des Açores avec une importante masse d’air chaud et humide (19-20 °C), une dépression venue du Labrador (températures de 2 ou 3 °C) se dirige vers le Cap Finisterre.
Dans la nuit du 3 au 4 octobre, les 2 minimums convergent en une seule dépression qui se creuse très rapidement (baisse de 20 à 25 hPa en 24 h) en raison, non seulement du contraste important des températures des 2 masses d’air, mais également à cause de la présence d’un jet de vents forts en altitude (260 km/h).
La dépression aborde le Golfe de Gascogne en début de matinée du 4 pour atteindre la côte charentaise dans la soirée, poursuivant sa progression vers le nord-est de la France en se comblant lentement.
En Gironde, la durée est jugée exceptionnelle à l’époque (plus de 5 h selon le journal Sud-Ouest), ce qui est corroboré voire renforcé par l’étude des carnets d’observations ou des Comptes-Rendus Quotidiens de Cazaux. Il s’écoule en effet au moins 9 heures entre les premières et les dernières rafales à plus de 100 km/h :
- premières rafales à 32 m/s (115 km/h) entre 12 et 13 h UTC ;
- accalmie très relative entre 22 et 25 m/s (90 km/h) ;
- recrudescence à plus de 30 m/s (108 km/h) de 16/17 h UTC à 20/21 h UTC (maximum du jour à 38 m/s soit 137 km/h à 16h55 UTC).
À noter qu’en Gironde, les vents les plus violents semblent survenir dans cette tranche horaire de 17 h à 18 h UTC et ils sont probablement liés également à des phénomènes convectifs.
III. Vent
En deuxième partie de nuit du 3 au 4, loin à l’avant de la dépression qui se situe au Cap Finisterre, le relief des Pyrénées enregistre de violentes rafales de vent de sud-ouest.
Dans la matinée, c’est au tour du Massif central d’être concerné par des vents de plus de 100 km/h de sud ou sud-est.
En plaine, à l’approche de la dépression, les vents s’orientent au sud à la mi-journée puis sud-ouest. Ils soufflent alors en tempête sur la côte girondine et charentaise.
Les rafales les plus violentes (supérieures à 150 km/h) se produisent en début de soirée en Gironde, juste avant l’arrivée de la dépression sur la côte.
Au nord de la dépression, seules les îles d’Yeu (85) et Belle-Île (56) subissent des rafales de vent de 100 km/h de secteur sud-est.
Rafales maximales observées | Rafales maximales estimées |
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En cours de la nuit du 4 au 5, le vent s’oriente ouest puis nord-ouest sur le littoral, Il devient alors plus irrégulier, avec des rafales moins fortes. Tout en continuant sa progression vers le centre de la France, la dépression se comble tout en s’écartant du jet de vents forts en altitude : la tempête se calme.
Les valeurs maximales instantanées du vent ne constituent généralement pas un record pour la plupart des stations. Toutefois, la durée des vents forts et leur rotation brusque expliquent la gravité des dégâts.
Dans le Gard (en montagne), la Drôme (Montélimar), la Corse (Pertusato et Calenzana-Cavallo), les îles et sémaphores du sud du Finistère, du Morbihan et de la Vendée, il a été également enregistré plus de 100 km/h. Mais cela ne constitue pas des cas exceptionnels et il n’y a pas été fait mention de dégâts notables.
Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Heure locale |
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Aquitaine | 33 | Lège - Cap Ferret | 9 | 166 | 18h30 |
Aquitaine | 33 | Cazaux | 35 | 137 | 18h55 |
Aquitaine | 33 | Bordeaux | 47 | 119 | 19h25 |
Aquitaine | 33 | Biscarosse | 36 | 119 | 20h05 |
Poitou-Charentes | 17 | Mathes | 6 | 115 | entre 17h et 20h |
Midi-Pyrénées | 12 | Millau | 712 | 126 | 13h40 |
Languedoc-Roussillon | 30 | Mont Aigoual | 1567 | 169 | entre 08 h et 17 h |
Rhône-Alpes | 26 | Montélimar | 73 | 112 | 18h05 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
Information concernant la pluie
À noter, une très belle zone d’éclaircies entre les deux séquences pluvieuses, soit du milieu de matinée au milieu de l’après-midi.
À la périphérie de la zone touchée, on peut noter que la neige coupe deux cols de moyenne montagne en Ariège.
Information concernant l’humidité des sols
V. Impacts socio-économiques
6 morts et 100 millions de francs de dégâts. Il existe toutefois une incertitude sur le nombre exact de morts en France : le journal Sud-Ouest annonce 6 morts, d’autres sources indiquent 3 personnes décédées.
Les personnes tuées ou blessées le sont par des chutes d’éléments de maçonnerie ou d’arbres et par des accidents de la route. Un équipier du catamaran de course au large « Crédit Agricole » tombe à la mer.
De nombreux arbres sont déracinés du littoral des Landes et de la Gironde jusqu’au sud des Charentes, ainsi que dans le Béarn et à l’ouest de la Dordogne et du Lot et Garonne.
De nombreuses toitures sont arrachées (300 maisons sinistrées à Andernos au bord du Bassin d’Arcachon) ; 70 000 abonnés sur 430 000 sont privés d’électricité en Gironde, 17 000 en Dordogne ; 34 centraux téléphoniques sont mis hors circuit en Gironde.
Dans le port d’Arcachon, plus de 140 navires de plaisance au corps mort coulent ou partent à la dérive. Le port de Bordeaux est fermé à la navigation pendant plusieurs heures. Les parcs à huîtres du Bassin d’Arcachon sont durement endommagés.
Les cultures sont touchées jusqu’en Dordogne et dans le Lot et Garonne, alors qu’elles avaient déjà été affectées par l’abondance des pluies depuis début septembre (inondations dans les rues à Pau).
À noter que cette tempête frappe les esprits par sa durée jugée remarquable à l’époque et par le fait qu’il s’agit de la première de cette force depuis 30 ans (1954).