Tempête du 4 janvier 1998
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : 4 janvier 1998 à 7 heures locales
Date de fin d’événement : 4 janvier 1998 à 23 heures locales
Type d’événement : dépression atlantique de type Wd (classification Dreveton)
Régions concernées : une large moitié nord du pays
La Bretagne, les Pays de la Loire, la Basse-Normandie et la Haute-Normandie sont les régions les plus touchées. La Corse est la moins touchée (les sommets seulement). 5 régions situées au sud échappent totalement à des vents supérieurs à 100 km/h : l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon, le Limousin, Midi-Pyrénées et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sur la moitié nord, l’Île-de-France est la seule région à échapper aux vents tempétueux. |
Résumé :
Une troisième dépression en 3 jours traverse l’Angleterre. Les vents forts qui balaient la France depuis la Bretagne jusque dans le Nord-Pas de Calais ajoutent de nouveaux dégâts à la liste ouverte le 2 janvier.
Les côtes sont encore les principales concernées avec des relevés qui dépassent les 140 km/h (158 km/h sur la pointe de Chemoulin en Loire-Atlantique). Au total, plus d’un quart des stations subissent des vents supérieurs à 120 km/h et presque la moitié en Bretagne.
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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180 km/h sur l’Île de Groix le 04/01/1998 |
II. Description de la situation météorologique
Après le passage des deux tempêtes du 2 et du 3 janvier, une nouvelle dépression secondaire se creuse dans le flux rapide d’ouest à sud-ouest. Cette dépression atteint un minimum de pression à 968 hPa sur le sud de l’Irlande en matinée du 4 puis traverse le nord de l’Angleterre et se dirige vers le Danemark tout en se comblant (975 hPa le 5 janvier à 1 h). Cette dépression génère des vents forts de la Bretagne au Nord-Pas de Calais.
La période de tempête commencée le 2 janvier se terminera le lendemain 5 janvier avec le passage d’une quatrième tempête sur les régions nord de la France.
Ce nouvel épisode de vent accentue l’agitation de la mer rendant toujours les liaisons maritimes avec certaines îles impossibles (Belle-Île-en-Mer notamment).
III. Vent
Les premières rafales violentes concernent la Bretagne dès le début de matinée. C’est de la fin de matinée au milieu de l’après-midi que le vent est le plus fort en Bretagne (120 à 180 km/h). Plus à l’est, on enregistre les rafales maximales entre la fin d’après-midi et la soirée (90 à 126 km/h pour le Nord-Pas de Calais et 90 à 108 km/h pour la Picardie). Entre les deux, la Normandie subit le plus fort passage venteux dans l’après-midi (100 à 144 km/h). L’Alsace reste au calme jusqu’en soirée (90 à 119 km/h au maximum).
Tout au long de la journée, le littoral, de l’Atlantique à la mer du Nord subit des rafales violentes.
Les 180 km/h sur l’île de Groix constituent un nouveau record (période 1981-2014), détrônant le précédent record de la tempête des 15 et 16 octobre 1987 avec 169 km/h. De même à Vannes où les 133 km/h supplantent l’ancien record de février 1990 avec 126 km/h (période 1987-2014).
Animation des rafales horaires estimées | Carte événementielle | Indice de sévérité |
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Animation des vents maxima horaires | Vent maximal au cours de l’évènement |
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Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Date et heure locale |
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Bretagne | 56 | Île de Groix | 41 | 180 | 04/01 à 09h04 |
Pays de la Loire | 44 | Guérande | 4 | 126 | 04/01 à 16h45 |
Bretagne | 29 | Pointe du Raz | 69 | 151 | 04/01 à 14h25 |
Basse-Normandie | 14 | Damblainville | 155 | 126 | 04/01 à 16h45 |
Pays de la Loire | 85 | La Roche-sur-Yon | 90 | 115 | 04/01 à 11h20 |
Alsace | 68 | Bâle Mulhouse | 263 | 119 | 04/01 à 18h08 |
Picardie | 02 | Passy-en-Valois | 143 | 130 | 04/01 à 14h45 |
Basse-Normandie | 14 | Damblainville | 155 | 126 | 04/01 à 16h45 |
Haute-Normandie | 76 | Cap de la Hève | 100 | 140 | 04/01 à 19h52 |
Nord - Pas de Calais | 62 | Boulogne-sur-Mer | 73 | 126 | 04/01 à 18h07 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
Cumul pluviométrique sur 4 jours du 1 au 4 janvier 1998 Il pleut quotidiennement mais les cumuls restent raisonnables. |
La mer se renforce progressivement ainsi que les jours suivants (jusqu’au 5 janvier 1998) sous l’effet des tempêtes successives. Au paroxysme, dans la Manche, on enregistrera des creux supérieurs à 9 mètres (mer très grosse).
V. Impacts socio-économiques
Dès le 2 janvier, les liaisons maritimes sont fortement perturbées. Des touristes sont bloqués sur les îles bretonnes pendant plusieurs jours.
La durée de l’événement (succession de tempêtes du 2 au 5 janvier) a des conséquences importantes sur les trafics ferroviaire et routier.
500 000 foyers sont privés d’électricité, nombreuses toitures arrachées, clochers abattus, arbres déracinés, camions renversés.
Les dégâts sont importants mais essentiellement matériels. On déplore une victime directe : un homme emporté par une lame au Croisic le 1er janvier (la veille de la première tempête du 2 janvier).
Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement)
VI. Remarques
Cette tempête du 4 janvier s’inscrit dans une série de quatre tempêtes qui concernent le nord de la France entre la Bretagne et le Nord-Pas de Calais. Tous les jours, entre le 2 et le 5 janvier, une dépression traverse rapidement les régions proches de la Manche et génère des vents forts. Chaque nuit, une poussée anticyclonique est l’occasion d’un répit provisoire.
Sur les côtes bretonnes, les rafales dépassent les 100 km/h tous les jours entre le 1er et le 7 janvier.