Tempêtes du 6 au 9 février 1984
I. Synthèse de l’événement
Date des deux événements successifs et rapprochés :
- 6 février 1984 à 15 heures au 7 février à 13 heures ;
- 7 février 1984 à 15 heures au 9 février à 8 heures.
Type d’événement : dépressions de type ND (classification Dreveton)
Départements touchés ou régions concernées :
<— Tempête 1 ............................................................................................... Tempête 2 —> |
Résumé :
Deux événements tempétueux en provenance d’Irlande se succèdent rapidement balayant tout le pays avec des rafales de secteur nord-ouest avoisinant les 110-120 km/h dans l’intérieur et jusqu’à 130-150 km/h sur le côtier. Elles occasionnent de nombreux dégâts ainsi que des pertes humaines.
Tempêtes maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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6 et 7 février 1984 | |||
7 au 9 février 1984 |
Valeur maximale relevée sur la période : 198 km/h Cap Pertusato (2A) le 08/02/1984.
II. Description de la situation météorologique
La France se retrouve prise entre un vaste système dépressionnaire (960 hPa) et un puissant anticyclone des Açores (1040 hPa). La dépression sur l’Islande génère dans un premier temps un flux de secteur sud-ouest affectant les côtes de Manche – Mer du nord.
Cette dépression secondaire issue de la dépression islandaise progresse vers le Bénélux puis le sud-est de l’Allemagne. Pendant le même temps, l’anticyclone progresse vers la Bretagne maintenant la France dans un « goulot d’étranglement ».
Avec cette dépression secondaire, on observe une réorientation du vent au secteur nord-ouest ainsi qu’un renforcement notable des vents à la côte puis dans l’intérieur des terres jusqu’à atteindre le sud-est du pays.
III. Vent
Rafales maximales observées du 6 au 8 février 1984 | Rafales maximales estimées tempête 1 | Rafales maximales estimées tempête 2 |
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Sous l’influence de la dépression islandaise, un vent de secteur sud-ouest se renforce dans la matinée du 06 février 1984.
Les rafales atteignent les 100-110 km/h sur les côtes de Manche et de Mer du nord avec un maximum de 119 km/h observé au cap de la Hève (Seine-Maritime, 76).
Par la suite, la dépression secondaire réoriente le flux au secteur nord-ouest. Les rafales gagnent l’intérieur des terres dans la journée du 7 février 1984 avec par exemple 112 km/h à Lille (Nord, 59) puis gagnent le sud-est du pays où les valeurs maximales de cette tempête sont atteintes.
On relève ainsi des observations en moyenne de l’ordre de 110-120 km/h dans l’intérieur et de l’ordre de 130-150 km/h sur les côtes de Manche et de Méditerranée.
Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Date et heure locale |
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Nord-Pas-de-Calais | 62 | Boulogne | 73 | 108 | 06/02/1984 à 21h10 |
Picardie | 80 | Abbeville | 70 | 119 | 06/02/1984 à 21h50 |
Languedoc-Roussillon | 30 | Mont Aigoual | 1567 | 162 | 07/02/1984 |
Languedoc-Roussillon | 66 | Cap Béar | 82 | 169 | 07/02/1984 à 19h40 |
Nord-Pas-de-Calais | 59 | Lille-Lesquin | 47 | 126 | 08/02/1984 à 07h40 |
Languedoc-Roussillon | 66 | Perpignan | 42 | 137 | 08/02/1984 à 01h10 |
Languedoc-Roussillon | 34 | Sète | 80 | 140 | 08/02/1984 à 15h15 |
Bourgogne | 58 | Nevers | 175 | 140 | 08/02/1984 à 11h35 |
Haute-Normandie | 76 | Dieppe | 38 | 144 | 08/02/1984 à 07h55 |
Corse | 20 | Cap Pertusato | 107 | 198 | 08/02/1984 à 19h10 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
Par ailleurs, en arrivant sur le sud-est du pays, cet événement tempétueux génère un épisode de mistral et de tramontane qui perdure du 9 au 11 (voir la fiche de synthèse pour cette période). Comme c’est souvent le cas (sauf lors d’un mistral noir), la région Provence-Alpes-Côte d’Azur connaît une absence de précipitation durant cette tempête.
Sans pouvoir le vérifier, il est probable que des phénomènes de surcote ont pu être observés le long des côtes de Manche durant cette tempête avec les rafales de secteur nord-ouest.
V. Impacts socio-économiques
Les vents violents engendrent des dégâts importants mais également des pertes humaines.
Un mort et un blessé sont à déplorer en Seine-Maritime. Le bilan est plus important dans les Alpes du nord avec 11 morts et 7 blessés essentiellement dû aux avalanches faisant suite aux abondantes chutes de neiges.
On constate les dégâts classiques à ce type de tempête tel que des accidents de voiture, chutes d’arbres, toitures arrachées, avions déroutés, bateaux en difficulté…
En Seine-Maritime, les pompiers ont réalisé pas moins de 600 interventions.
Concernant les chutes d’arbres, la forêt de Compiègne a subi d’importantes pertes. L’ONF a dressé un bilan de l’événement, classé en tornade de niveau 3 : « 90 000 m3 de bois détruits en 15 minutes, soit l’équivalent de 2 années de production de hêtres en forêt de Compiègne ».
Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).