Tempête en Méditerranée 1er au 4 décembre 2003

I. Synthèse de l’événement

Date de début d’événement : le 1er décembre 2003 en fin d’après-midi

Date de fin d’événement : le 4 décembre 2003 en matinée

Type d’événement : tempête de type E (classification Dreveton)

Départements touchés ou régions concernées :

Régions impactées

La tempête Zam impacte le quart sud-est du pays :

  • Languedoc-Roussillon (Aude, Hérault, Pyrénées-Orientales) et Midi-Pyrénées (Aveyron, Tarn)
  • Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne (Cantal, Puy-de-Dôme)
  • Rhône-Alpes (Savoie, Isère)

Résumé :
La tempête est associée à un épisode de fortes pluies qui dure du 1er au 3 décembre avec 3 périodes de vents d’est dépassant le seuil tempête :

  • le 1er et le 3 décembre sur la frange côtière provençale ;
  • en fin de nuit du 3 jusqu’en matinée du 4 décembre sur le pourtour côtier du Languedoc-Roussillon (tempête Zam).

Le vent d’est associé à la tempête Zam lève une forte houle d’est à sud-est qui contrarie les écoulements fluviaux.

Les valeurs du tableau ci-dessous (durée, surface touchée, intensité) représentent uniquement l’épisode tempétueux assez court (tempête Zam) d’une durée de 5 heures. Durant cette période, 2 % du territoire sont impactés.

Intensité maximumDuréeSurface du territoire métropolitain touchéIndice de sévérité
Mont Aigoual (1567 m) 155 km/h
le 4/12 à 10h26
Leucate (42 m) 140 km/h
le 4/12 à 4h23
5 heures le 4 décembre (Zam)
de 5 heures à 10 heures locales
2 %
modéré

II. Description de la situation météorologique

Un axe de hautes pressions s’étend pendant toute la période de la mer Adriatique aux Alpes du Sud. Le reste du pays est sous l’influence d’un vaste système dépressionnaire. Ce système se creuse le 1er décembre sur un axe Cotentin-Baléares renforçant par là même le gradient de pression sur la Provence alors qu’un front quasi stationnaire et ondulant stagne dans la vallée du Rhône le 1er et le 2 décembre : le vent fort s’accompagne de fortes pluies des Bouches-du-Rhône à la partie orientale du Massif Central.

Le 2 décembre, la pression remonte sur l’ouest du pays et le vent s’atténue. Les précipitations se poursuivent sur une partie de la Provence, sur la Drôme et l’Ardèche.

Le 3 décembre, une dépression se forme sur la Tunisie et circule en Méditerranée. Elle atteint la nuit suivante le Cap Béar alors que l’axe de hautes pressions de la Vénétie aux Alpes résiste, plongeant le Languedoc dans la tempête. Les pluies abondantes se décalent sur le Languedoc-Roussillon.

III. Vent

Le 1er décembre, les vents les plus forts concernent tout d’abord les postes en altitude dès la seconde partie de nuit du 30 au 1er avec plus de 140 km/h de vent de sud en pointe au Mont-Aigoual. Ce n’est qu’à partir de 18 h que les Bouches-du-Rhône et le Var sont touchés par le vent d’est quasi-tempétueux puis les Alpes-de-Haute-Provence en seconde partie de nuit du 1er au 2 décembre. Le vent repasse en dessous du seuil tempête (100 km/h) toute la journée du 2.

Le 3 décembre, les vents d’est violents touchent le Var puis les Alpes-Maritimes dans le courant de la matinée puis les Bouches-du-Rhône et la Corse (plutôt en altitude pour cette dernière) en fin d’après-midi. Ils durent toute la nuit suivante. Le Languedoc est touché en seconde partie de nuit (140 km/h à Leucate le 4 décembre à 4h23) puis un peu plus tard l’Aveyron et le Tarn (122 km/h à Millau le 4 à 7h54).

Il convient de signaler les vents forts en altitude l’après-midi du 3 décembre et la nuit suivante en Isère, Savoie, dans le Gard et dans le Puy-de-Dôme, sans doute représentatifs de vents forts en altitude sur le Massif Central et les Alpes.

Les vents les plus forts de cette tempête sont ceux qui soufflent pendant la nuit du 3 au 4 décembre, et pratiquement toutes les valeurs maximales quotidiennes ont lieu pendant la seconde partie de la nuit. 2 % du territoire est concerné par la tempête le 4 décembre entre 7 et 10 heures locales.

Animation des rafales horaires estimées Carte événementielle (04 décembre 2003) Indice de sévérité (04 décembre 2003)
Animation rafales horaires Carte événementielle Indice de sévérité
Animation des vents maxima horaires Vent maximal au cours de l’évènement
Animation vent Carte vent
Rafales remarquables mesurées entre le 01/12/2003 et le 04/12/2003
RégionDépartementPosteAltitude (m)Vent instantané
maximal (km/h)
Date et heure légale
Languedoc-Roussillon 30 Mont Aigoual 1567 155 4/12 à 10h26
Provence-Alpes Côte d’Azur 83 Île du Levant 118 148 4/12 à 02h01
Languedoc-Roussillon 11 Leucate 42 140 4/12 à 04h23
Corse 2A Sampolo 837 137 4/12 à 00h15
Midi-Pyrénées 81 Fraisse-Murat 1022 126 4/12 à ??h ??
Midi-Pyrénées 12 Millau 712 122 4/12 à 06h54
Rhône-Alpes 38 Alpe d’Huez 1860 122 4/12 à 04h15
Auvergne 63 Chastreix 1385 122 4/12 à 10h15
Provence-Alpes Côte d’Azur 13 Aubagne 130 119 4/12 à 00h45

IV. Phénomènes météorologiques associés

Cette tempête s’accompagne de deux phénomènes particulièrement aggravants : de forte pluies et une forte houle.

Les fortes pluies

Pluies cumulées sur 4 jours

Cumul pluviométrique sur 4 jours

De fortes pluies touchent un grand sud-est, plutôt Provence, vallée du Rhône et Massif Central les 1 et 2 décembre, et exclusivement le Languedoc-Roussillon le 3 décembre.

Les pluies du 4 sont comptabilisées sur cette carte. Elles sont réparties de façon homogène sur le pourtour méditerranéen mais ne dépassent pas 10 à 20 mm (litres/m²).

Dans le département du Rhône, les quantités de pluie de 115 à 180 mm (litres/m²) en cumul sur les journées du 1er et du 2 décembre correspondent à des valeurs d’une durée de retour calculées selon la méthode de Gumbel généralement supérieure à 100 ans avec un record de 180 mm (litres/m2) en 48 heures à Saint-Symphorien-sur-Coise.

Des informations complémentaires sont disponibles sur notre site des Pluies extrêmes en métropole :
Pluies diluviennes sur Marseille
Pluies diluviennes sur Montpellier
Crues majeures du Rhône et de ses affluents.

La houle

Le vent d’est lève une forte houle d’est à sud-est qui contrarie les écoulements fluviaux déjà gonflés par les fortes pluies : la hauteur maximale de la houle (13,78 m à Banyuls) et la hauteur moyenne de 33 % des plus hautes vagues culmine à 8,33 m en seconde partie de nuit du 3 au 4 décembre.

La houle

Graphique extrait du document du Service Maritime et de Navigation du Languedoc Roussillon

Article paru en décembre 2003 et intitulé « Analyse de la tempête marine du 4 décembre 2003 ».

Les données de houles et niveau marin à Banyuls ont été recueillies par :

  • un houlographe directionnel à Banyuls mouillé par 52m de fond (à la position 42°29.330’N, 3°10.073’E WGS84) géré par le laboratoire Arago ;
  • le marégraphe de Port-Vendres, appartenant au Conseil Général des Pyrénées-Orientales et géré par le SMNLR (Service Maritime et Navigation Languedoc).

La conjonction vent d’est, forte houle, fortes pluies entraîne des inondations spectaculaires comme celle de la ville d’Arles qui restera inondée pendant de nombreux jours.

À noter que le niveau de vigilance rouge pour fortes précipitations et orages a été déclenché sur l’Hérault en matinée du 3 décembre.

Autre phénomène associé à cette situation, la neige est tombée dans le Massif Central en début d’épisode dans la nuit du 2 au 3 décembre, bloquant des centaines de camions sur l’autoroute A75 (article du journal La Montagne, édition du 4 décembre 2003).

V. Impacts socio-économiques

Cet épisode fait au moins 6 victimes : 2 à Marseille dans la nuit du 1er au 2 décembre, 1 dans le Vaucluse, 1 en Ardèche et 2 dans le département de la Loire.

Beaucoup de dégâts matériels accompagnent cet épisode fortement pluvieux avec des villes et villages inondés, des effondrements de ponts (Givors).

Dans le Cantal, pour les communes de Saint-Flour, Massiac, Andelat, Arpajon-sur-Cère, Aurillac, Cassaniouze, Roffiac, Sainte-Anastasie, Talizat et Vieillevie les dégâts matériels sont estimés entre 200 000 et 300 000 euros.

Les dégâts dans la commune d’Arles sont estimés à 258 millions d’euros pour les seules entreprises. La crue du Rhône a touché une zone de quelque 8 à 9 000 habitants, qui représente 70 à 80 % du potentiel économique de la ville. Trois mille salariés sont mis en chômage technique. Le nombre de 1 milliard d’euros de dégâts en tout pour la ville d’Arles est annoncé.