Tempête du 12 au 13 décembre 1952
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : le 12/12/1952 en soirée
Date de fin d’événement : le 13/12/1952 au petit matin
Type d’événement : dépression atlantique de type SW (classification Dreveton)
Départements touchés ou régions concernées :
Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Centre, Bourgogne, Lorraine, Alsace, Franche-Comté Aquitaine (Gironde), Île-de-France (Val-d’Oise), Champagne-Ardennes (Haute-Marne), Rhône-Alpes (Ain) |
Résumé :
Dans un contexte perturbé une dépression atlantique se dirige sur la France en se renforçant. Elle se transforme en tempête, puis traverse la France en une douzaine d’heures dans la nuit du 12 au 13 décembre 1952. Les vents atteignent et dépassent fréquemment les 150 km/h du centre au Nord-Est. On recense de nombreux dégâts matériels et de nombreux blessés. Mais aucune victime n’est à déplorer.
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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184 km/h à Tours |
II. Description de la situation météorologique
Le 11 décembre 1952, une vaste dépression est présente de l’Écosse à la Norvège, tandis qu’un anticyclone se situe au large du Portugal. Entre ces 2 systèmes, la France est soumise à un flux d’ouest rapide et perturbé.
Puis le 12 au matin une petite dépression apparaît sur l’Atlantique. Prise dans le flux, elle se dirige tout droit sur la France en se renforçant. Le 12 au soir elle atteint la Bretagne. La pression en son centre avoisine 994 hPa.
Dans la nuit du 12 au 13 cette dépression se transforme en tempête et traverse le nord de la France en direction du Luxembourg.
Les vents les plus forts soufflent au sud de sa trajectoire. En fin de nuit la tempête survole les Ardennes avec seulement 980 hPa de pression. Ensuite c’est au tour de l’Allemagne d’être touchée par cette tempête.
Analyse du 12/12/1952 à 07 h locales |
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III. Vent
Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Date de mesure |
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Pays de la Loire | 49 | BEAUCOUZE | 50 | 130 | 12/12/1952 |
Poitou-Charentes | 86 | POITIERS | 123 | 115 | 12/12/1952 |
Aquitaine | 33 | BORDEAUX | 47 | 112 | 13/12/1952 |
Centre | 37 | TOURS | 96 | 184 | 13/12/1952 |
Île-de-France | 95 | LE BOURGET | 49 | 101 | 13/12/1952 |
Bourgogne | 89 | AUXERRE | 207 | 155 | 13/12/1952 |
Champagne-Ardenne | 52 | LANGRES | 466 | 166 | 13/12/1952 |
Lorraine | 57 | METZ | 192 | 151 | 13/12/1952 |
Alsace | 67 | STRASBOURG | 150 | 119 | 13/12/1952 |
Franche-Comté | 70 | LUXEUIL | 271 | 122 | 13/12/1952 |
Rhône-Alpes | 01 | AMBERIEU | 250 | 104 | 13/12/1952 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
Un contexte bien perturbé accompagne le passage de la tempête. Mais cette agitation ne se limite pas à la tempétueuse nuit du 12 au 13 décembre 1952. De part et d’autre de cette tempête, l’instabilité est de mise. Par conséquent, un bon arrosage concerne une grande partie de la France sur l’ensemble des journées des 12 et 13 décembre 1952.
Cumul des précipitations des 12 et 13 décembre 1952 On constate que les environs du Golfe du Lion sont épargnés, de même que la partie est du Massif Central ainsi que la plaine d’Alsace. Il s’agit là du même phénomène, à savoir l’effet de foehn. Il se produit fréquemment sur ces régions lorsque le vent vient de l’ouest, car ces régions sont alors protégées par les reliefs présents en amont du flux. En revanche, sur la partie ouest du Massif Central et sur le centre de la Corse, les cumuls de précipitation atteignent localement 100 voire 150 mm en 48 heures. Ces cumuls sont remarquables : ils représentent un bon mois de pluie tombé en seulement 2 jours. Il s’agit là d’un phénomène orographique : les nuages et les pluies se sont bloqués sur les reliefs exposés au vent d’ouest. C’est également par orographie que les versants ouest des Alpes et ceux des Vosges ont été un peu plus arrosés (30 à 40 mm en 48 h) que leurs alentours. À noter enfin que les précipitations se font sous forme de neige dès la moyenne montagne. |
V. Impacts socio-économiques
Cette tempête provoque de nombreux dégâts matériels. Les blessés sont nombreux mais à priori aucune victime n’est à recenser.
Les principaux dégâts sont localisés entre le centre et le nord-est de la France, à l’endroit où les vents furent les plus violents. On ne compte plus les toitures envolées, les voitures retournées et les arbres déracinés.
Mais les ravages les plus spectaculaires concernent les forêts, dont certaines changent complètement de visage.
À l’époque, toute une économie vît le jour dans l’exploitation de l’énorme quantité de bois tombée par terre, suite au déracinement de nombreux arbres. Il fallut en effet enlever tous les arbres présents au sol, et sécuriser tous ceux qui avaient été fragilisés par la tempête (souvent en les faisant tomber !). Ce bois a représenté une importante marchandise à écouler. La remise en ordre des forêts s’avérera très longue.