Daria le 25 janvier 1990
I. Synthèse de l’événement
Date de début d’événement : 25 janvier 1990 à 8 heures locales
Date de fin d’événement : 26 janvier 1990 à 01 heure locale
Type d’événement : dépression atlantique de type WD (classification Dreveton)
Régions concernées :
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Presque toutes les régions sont concernées. Seules l’Aquitaine, le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées échappent totalement aux rafales de plus de 100 km/h. Les régions suivantes sont impactées à plus de 70 % de leur surface : |
Résumé :
Une dépression atlantique traverse les Îles Britanniques le 25 janvier 1990. Son creusement très rapide, de type « explosif », provoque une violente tempête sur toute la moitié nord de la France. Les rafales de vent dépassent ponctuellement les 170 km/h sur les côtes de la Manche, 110 à 140 km/h dans l’intérieur. Cette tempête, baptisée Daria, est l’une des plus meurtrières et destructrices de la décennie 90 à l’échelle de l’Europe.
Intensité maximum | Durée | Surface du territoire métropolitain touché | Indice de sévérité |
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176 km/h à la Pointe du Raz (29) |
II. Description de la situation météorologique
Dans le rapide flux perturbé d’ouest qui s’est mis en place depuis plusieurs jours autour d’un vaste centre dépressionnaire centré sur l’Islande, une petite dépression secondaire se creuse sur l’Atlantique dans la nuit du 23 au 24 janvier 1990.
Sous l’influence d’un jet de vents forts en altitude, ce creusement s’amplifie très nettement à l’approche de l’Irlande et devient « explosif » en traversant les Îles Britanniques dans la nuit du 24 au 25 et en journée du 25, avec une pression au centre qui passe de 978 à 950 hPa en seulement 15 heures.
Cette dépression s’accompagne de vents très violents qui balayent une vaste zone du nord de la France au Pays-de-Galles jusqu’au Danemark et au nord de l’Allemagne, avec des pointes à plus de 170 km/h sur les côtes françaises, et parfois largement supérieures à 110 km/h dans l’intérieur des terres.
Analyse en surface le 25 janvier 1990 à 13h locales |
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III. Vent
Cette tempête est la première de la série des violentes tempêtes qui touchent le pays début 90.
La tempête aborde les côtes finistériennes en milieu de nuit du 24 au 25.
Le vent de sud-ouest continue de se renforcer en matinée du 25 sur tout le nord de la France pour atteindre son paroxysme en début d’après-midi sur toutes les côtes de la Bretagne au Nord-Pas-de-Calais, avec des pointes à 150-170 km/h.
Les vents moyens sont également remarquables, souvent supérieurs à 100 km/h sur le littoral de la Manche avec un maximum de 148 km/h au Cap de la Hague (50) (record de la station depuis 1981).
Rafales maximales observées | Rafales maximales estimées |
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Dans l’intérieur, au nord d’une ligne Lorient-Paris, on relève dans le même temps des rafales à 110-130 km/h, localement 140 km/h.
Plus au sud, des Pays-de-la-Loire et du Poitou-Charentes à la région Centre, les rafales sont de l’ordre de 100-110 km/h, localement 120 km/h.
En fin d’après-midi et début de soirée, la tempête se décale sur Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, avec des pointes à 110-120 km/h localement supérieures à 130 km/h.
Elle touche également la Bourgogne et le nord de la Franche-Comté de manière plus atténuée, avant de se déplacer vers l’Allemagne en cours de soirée.
Le lendemain, si le vent ne souffle plus en tempête, les rafales qui accompagnent les averses orageuses dépassent encore ponctuellement les 100 km/h.
Région | Département | Poste | Altitude (m) | Vent instantané maximal (km/h) | Date et heure locale |
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Bretagne | 29 | Pointe du Raz | 81 | 176 | Le 25/01/1990 (matinée) |
Haute-Normandie | 76 | Cap de la Hève | 100 | 173 | Le 25/01/1990à 14h25 |
Basse-Normandie | 50 | Cap de la Hague | 6 | 166 | Le 25/01/1990à 13h15 |
Nord-Pas de Calais | 59 | Dunkerque | 11 | 155 | Le 25/01/1990à 13h30 |
Nord-Pas de Calais | 62 | Boulogne-sur-Mer | 73 | 155 | Le 25/01/1990à 13h05 |
Bretagne | 29 | Quimper | 90 | 155 | Le 25/01/1990à 15h46 |
Picardie | 80 | Abbeville | 69 | 144 | Le 25/01/1990à 14h37 |
Île-de-France | 95 | Roissy | 108 | 140 | Le 25/01/1990à 15h06 |
Lorraine | 54 | Nancy-Ochey | 336 | 137 | Le 25/01/1990à 18h15 |
Basse-Normandie | 14 | Saint-Gatien-des-Bois | 139 | 137 | Le 25/01/1990à 13h31 |
Champagne-Ardenne | 52 | Langres | 466 | 133 | Le 25/01/1990à 19h26 |
IV. Phénomènes météorologiques associés
Cette tempête génère de fortes vagues sur les côtes atlantiques et en Manche, associées à une surcote importante sur l’est de la Manche (pic de surcote d’environ 2 mètres à Boulogne et au Havre).
Elle s’accompagne également de précipitations localement modérées sur les trois quarts nord-ouest du pays. Toutefois, ces pluies circulent rapidement et n’occasionnent pas de cumuls notables : la lame d’eau s’échelonne en effet généralement entre 7 et 15 mm, localement 20 mm.
V. Impacts socio-économiques
Le bilan de la tempête Daria est extrêmement lourd, avec 95 morts et plusieurs centaines de blessés sur l’ensemble du nord-ouest de l’Europe. Il s’agit de la tempête la plus meurtrière en Europe depuis celle d’octobre 1987.
En France, une dizaine de décès sont à déplorer ainsi que de nombreux blessés, à la suite de chutes d’arbres, de pylônes, de murs et de grues, ou encore à cause d’accidents de la circulation.
De très nombreux foyers sont privés d’électricité, et les sapeurs-pompiers effectuent plus d’une dizaine de milliers d’interventions.
Les dégâts matériels sont très importants du fait de la détérioration de bâtiments ou d’infrastructures.
On estime par ailleurs que la tempête arrache sur son passage l’équivalent de tous les arbres de la forêt de Fontainebleau. La circulation est coupée sur de nombreux axes dont la N13 et le pont de Tancarville, le trafic des car-ferries est interrompu dans le détroit du Pas-de-Calais, de nombreux navires sont en difficulté au large de la Bretagne et en Manche.
Le coût des dégâts de cette tempête s’élève à 1,5 milliard d’euros.
Informations complémentaires disponibles sur le site des tempêtes avec submersion : étude Vimers des événements de tempête en Bretagne par Météo-France, le SHOM (Service Hydrologique et Océanographique de la Marine) et le Céréma (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement).